
- Date de publication 23.04.2025
- theme Film 3D de la semaine
- Formation Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux
Réalisé par Louise Bernard, Théo Fortin, Pierre Bournigault, Juliette Dupont, Robin Horel, Lina Samylourdes, Margaux Malinge et Inès Sanchez lors de leur dernière année d’études à l’ESMA (2023), L’Ogre du Danube propose un mélange de tonalités extrêmement contrastées, qui a suscité depuis sa sortie un vif intérêt auprès des festivals internationaux.

Plongée dans une Yougoslavie solaire et tragique
Dans ce court-métrage à la direction artistique particulièrement soignée, on suit Yulya, une jeune femme qui décide de fuir la Yougoslavie avec son amant Novak, s’échappant à ses côtés sur les eaux du Danube grâce au concours du mystérieux Matko. Les choses semblent se dérouler sans encombre jusqu’au départ du bateau, où les deux amants se retrouvent soudainement livrés aux griffes de l’Ogre.
C’est dans un contexte historique et géopolitique complexe, chargé de tensions et de violence latente, que se déroule L’Ogre du Danube. Un film qui n’hésite pas à aborder des thématiques difficiles – l’exil, la trahison, la cruauté humaine – avec une audace que l’on peut vivement saluer chez les jeunes réalisateurs à l’origine de cette prouesse.

Des contrastes marqués, un équilibre complexe, et in fine brillamment maîtrisé !
S’il est un choix artistique qui marque immédiatement le spectateur, c’est sans aucun doute le rendu stylisé affirmé, qui mêle illustrations raffinées et traitement graphique proche de la tradition picturale. “Notre film a été créé dans une recherche de contrastes sur le plan artistique, confirment les réalisateurs. Nous avons cherché à faire ressortir des concepts en les mettant en opposition entre eux : l’humanité de nos personnages face à la barbarie, les couleurs vibrantes face à la tragédie.”

En effet, comme ils aiment à le rappeler, le court-métrage comptait ‘’quand même des choses assez violentes, assez crues. […] Choisir un style graphique qui se veut relativement coloré, illustratif et esthétique, nous a permis de retrouver la poésie qui nous avait plu dans nos références.” Des références puisées notamment chez le réalisateur serbe Emir Kusturica – lui aussi maître dans l’art de naviguer entre réalisme brut et poésie onirique – et chez de nombreux autres artistes influents dès les prémices du projet.

À la lumière de ces intentions esthétiques, ce sont effectivement des éléments qui ressortent très nettement : une juxtaposition constante entre beauté visuelle et brutalité du récit, qui confère au film une tension artistique et narrative captivante. Cette démarche s’est également étendue aux aspects techniques, marqués eux aussi par une certaine radicalité : “Dans la conception de nos images […], nous avons été confrontés à l’opposition entre une illustration organique au graphisme débridé et un rendu 3D dit ‘traditionnel’ photoréaliste.”

C’est donc constamment sur le fil, dans une recherche subtile d’équilibre et de maîtrise stylistique, que les réalisateurs sont parvenus à façonner un univers à la fois oppressant et fascinant, pour le plus grand plaisir de nos yeux !

Un énorme bravo à l’ensemble des réalisateurs ayant pris part à ce projet.