
- Date de publication 02.04.2025
- theme Film 3D de la semaine
- Formation Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux
“Axiome”, court-métrage réalisé en 2023 par Léa Cabiron, Hadrien Dalle, Coraline Debien, Maëlle des Abbayes, Nicolas Garcia, Romane Mayer, Paolo Peruzzo, Laurie Sarraute et Lucie Taglienti dans le cadre de leur dernière année d’études à l’ESMA, plonge dans un univers futuriste, centré sur l’histoire d’une adolescente, Jia, déterminée à sauver sa mère.

Un projet ambitieux et exigeant
Si traiter d’un sujet aussi dense que le voyage temporel dans un temps imparti de 5 minutes peut sembler un défi insurmontable, les réalisateurs d’Axiome ont su brillamment prouver le contraire, leur court-métrage de fin d’études relevant ce pari audacieux avec brio. Dans ce récit haletant, Jia, une jeune fille déterminée, traverse sans cesse un portail temporel pour tenter de sauver sa mère, Nami, une scientifique qui vient de perdre la vie à la suite d’une explosion qu’elle a elle-même provoquée.

Si la barre a été placée si haut, c’est sans doute en raison d’une volonté affirmée de réaliser un film mûr, riche en nuances et en complexité, n’hésitant pas à embrasser une tonalité sombre et tragique. Un aspect qui transparaît clairement dans une esthétique visuelle marquée par des motifs et une palette de couleurs dominée par le noir, le gris et le métal, renforçant l’ambiance oppressante et futuriste du film.
Les étudiants ont su habilement conjuguer la mécanique des boucles temporelles avec des thèmes profonds comme le sacrifice, le deuil et l’acceptation, trois piliers émotionnels du récit. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le film s’ouvre sur la célèbre citation d’Épictète « la souffrance surgit quand on essaie de contrôler l’incontrôlable ou de négliger ce qui est en notre pouvoir. »

Un défi technique et narratif
Côté artistique et technique, les réalisateurs ont été confrontés à de nombreux défis, en premier lieu celui de la mise en scène. Comment représenter visuellement des boucles temporelles sans désorienter le spectateur ? Comment, en seulement 5 minutes, proposer une narration claire, fluide et percutante ? L’univers de science-fiction qu’ils ont choisi de développer a également imposé des exigences de taille : très gourmand en effets spéciaux, il a nécessité un travail méticuleux et une grande rigueur, tant sur la direction artistique que sur l’intégration des éléments numériques.

L’adaptabilité comme maître-mot
C’est en effet l’adaptabilité qui a rythmé l’ensemble du projet. Le scénario, qui devait au départ se structurer comme un niveau de jeu vidéo, avec une progression à chaque boucle et divers obstacles à surmonter avant d’atteindre le but final, a dû être repensé pour mieux s’intégrer aux contraintes du format court.

De même, l’univers visuel et conceptuel d’Axiome, initialement inspiré du Solar Punk, une esthétique optimiste et éco-futuriste, s’est révélé particulièrement complexe à mettre en œuvre, faute de références accessibles et de temps pour en exploiter tout le potentiel.
Les relations entre les personnages ont également évolué au fil du développement : si Nami et Jia sont dans la version finale mère et fille, elles étaient initialement sœurs, un renversement dicté par la nécessité de renforcer l’intensité dramatique du deuil et l’impact émotionnel de leur lien, rendant ainsi l’histoire plus universelle.


Ces ajustements successifs ont nécessité une communication constante entre les réalisateurs, de nombreux compromis et une grande capacité d’adaptation, toujours dans l’optique de proposer une œuvre aussi aboutie que possible.
Un grand bravo à l’ensemble des réalisateurs, qui sont allés au bout de leurs intentions et ont su, sans cesse, se réinventer !